Vous comprenez maintenant combien son poème est percutant et nous interpelle sur la manière honteuse que nous maltraitons notre seul vaisseau, le seul endroit où l’humain peut vivre. Zaz nous rappelle que la terre à ses limite et que nous jouons notre propre existence. Le réchauffement climatique est maintenant évident! Seul des opportunistes ne veulent pas l’avouer. Je vous propose de lire attentivement le texte de Elizabeth Lubin:
« MEA CULPA »
Ma terre craque
sous le poids de ses locataires.
Elle en assez qu’on la traite
comme un ver de terre.
Ses dignitaires
ne sont pas dignes de ce nom.
Ses parlementaires
Parlent et mentent en mon nom.
Ces parasites, ces vers solitaires
contaminent mon fonds de terre
s’invitent dans mon état déficitaire
paralysent mes défenses immunitaires.
Pour la mettre hors jeu
sur l’échiquier mondial
ces vauriens déplacent ses enfants
au bas de l’échelle sociale,
en asile en exil.
On l’a trop manipulée.
Ma terre est dans un sale état.
Ça sent la vendetta.

Tableau de Zantray
Elle a faim de justice ma terre.
À la diète, ses enfants révolutionnaires
luttent contre ces mercenaires
payés pour les faire taire.
Ma terre se braque.
On mutile sa chair à coups de matraque.
On traque ses amis pour qu’ils se rétractent.
On les torture jusqu’à ce qu’ils CRAQUENT.
Cette terre féconde
qui m’a mise au monde
met en terre tous les jours
mes frères et sœurs qui crèvent de faim.
Ces guerres de clan sans fin
ont mis au monde mon tiers-monde.
Seule, dans le camp minoritaire
me réfugier contre mon gré
là où j’ai migré
quand j’ai touché terre.
De tes entrailles sont nées tant d’étoiles qui ont filé outre-mer.
À la dérive avec mes pairs
en quête identitaire,
le jour, je cherche un pied à terre
le soir, je cherche mes repères dans ce ciel gris amer montréalais.
Tributaires de tes anciens occupants
on veut t’enchaîner à l’aide humanitaire.
Prends garde à ce guet-apens.
Gardes tes deux pieds sur terre.
Vous qui occupez ma terre,
vous qui l’aidez si bien à creuser sa tombe
j’aimerais la revoir ressusciter d’outre-tombe
avant d’être six pied sous terre.
Sterile, ma terre avorte de bidonville.
Elle rapelle ses enfants en asile, en exil à prendre racine au pied de l’arbre à palabre qui vacille
à s’unir pour lui bâtir un avenir fertile.
Tant qu’elle ne sera pas traitée de façon égalitaire,
ses enfants révolutionnaires
refuseront de se taire.